La France ne manque pas de châteaux Renaissance ni de prisons. Mais un château Renaissance transformé en prison et asile de fous, il n’y en a qu’un, c’est Gaillon, dans l’Eure. Initialement érigé en château fort, le castrum médiéval de Gaillon a été métamorphosé par les archevêques de Rouen en un somptueux palais. Après un déclin amorcé au siècle des Lumières, le château fut repris comme bien national sous la Révolution. Vendu, le bâtiment manqua de peu de disparaître, mais il fut racheté par l’État et réapproprié pour faire fonction, durant plus d’un siècle (1816-1925), de maison centrale de détention et de correction pour des hommes, des femmes, des enfants et des fous. Marc Renneville, historien directeur de recherche au CNRS, nous raconte cette destinée contrastée et exceptionnelle. Des images contemporaines et des documents d’archives inédits donnent à voir des traces que les détenus ont laissées : un graffiti sur un mur, une mention gravée sur une porte en bois, une correspondance administrative, une chanson composée par un prisonnier… « Il paraît que ces murailles gardent bien leur secret » affirmait en 1910 un jeune détenu dans une lettre à ses parents. L’objet de ce livre est d’en révéler quelques-uns.

Ce numéro 25 de la revue Histoire, médecine et santé, dirigé par Francesca Arena (Univ de Genève, IEH2), Camille Bajeux (Univ de Genève), Aude Fauvel (Univ. de Lausanne, CHUV)et Joëlle Schwarz (Univ. de Lausanne, Unisanté) prolonge et complète le dossier « Folies et masculinités » paru dans le numéro 23. Il souhaite interroger le rôle des médecins dans le processus de façonnage des corps masculins.

Les articles réunis ici montrent comment les médecins ont contribué à définir les masculinités et à fabriquer les corps, en imposant dans les savoirs et dans les pratiques de santé leurs définitions de ce que devaient être les attributs physiques et moraux « normaux » d'un homme. Ils soulignent que cette normalisation corporelle n’a pas seulement touché les patients, mais qu’elle a aussi concerné les médecins eux-mêmes, qui se sont trouvés pris dans leurs propres grilles de lecture hiérarchisantes.

Le livre Voyage circulaire de Paul Le Cointe présente le journal de voyage du naturaliste français Paul Le Cointe en Amérique du Sud, offrant une vision détaillée de la production de caoutchouc en Amazonie à l’apogée de l’économie laticifère. Ce journal de voyage inédit, soustrait au public pendant plus d’un siècle, est contextualisé et publié pour la première fois, par une équipe de chercheurs franco-brésiliens et en partie grâce à l’appui du projet Exorigins porté par le Centre Alexandre-Koyré (CAK), le Laboratoire Caribéen de Sciences Sociales (LC2S) et de Patrimoines locaux, environnement et globalisation (PALOC).

Il s'agit de la publication d'un carnet de voyage inédit, rédigé par Paul Le Cointe (naturaliste français), qui avait disparu des radars pendant 110 ans et qui a été retrouvé dans les affaires d'une de ses élèves (Clara Pandolfo) en 2009 suite à son décès. Comme très peu de choses étaient connues sur la vie et l'oeuvre de Le Cointe, nous avons réalisé des enquêtes ethnographiques à Obidos (Brésil) et historiques dans différents fonds d'archives entre 2017 et 2023 pour pouvoir contextualiser le texte de Le Cointe. L'édition compte aussi avec la participation de l'historien des sciences Patrick Petitjean (UMR SPHERE).

Le voyage entrepris par Le Cointe en 1900 consistait à se rendre en Amazonie bolivienne par la voie maritime, c'est-à-dire en passant par la Caraïbe, puis Panama, la côte Pacifique de l'Amérique du Sud, traversée des Andes. Il venait d'être recruté comme gérant d'une exploitation de caoutchouc au fin fond de l'Amazonie bolivienne. Puis, il rentre au Brésil par voie fluviale (en suivant le Beni, Rio Madre de Dios, Madeira et finalement Amazone. Dans son journal de voyage, il dresse un panorama de l'industrie du caoutchouc dans les régions traversées (Bolivie et Brésil).