L’insécurité est souvent considérée comme un facteur décisif dans le choix d’un pouvoir fort et autoritaire comme dans le vote en faveur de l’extrême-droite. Les résultats de la vague 15 du Baromètre de la confiance politique permettent de répondre à plusieurs questions. Existe-t-il en la matière une spécificité nationale qui distinguerait la France de l’Allemagne, de l’Italie et de la Pologne ? L’insécurité réelle et le sentiment d’insécurité sont-ils distincts ? Peut-on affirmer que l’insécurité subjective n’a rien à voir avec l’insécurité objective ? Et quels en sont les facteurs ? Les catégories populaires sont-elles plus enclines à se sentir en insécurité que les catégories moyennes et supérieures, ce qui pourrait faire le jeu du populisme ? L’analyse montre que l’insécurité prend différents visages d’un pays à l’autre, la crainte du cambriolage étant dominante en France. Elle permet également de montrer que l’appartenance sociale joue assez peu, autant sur le risque déclaré d’être victime d’une agression que sur l’intensité du sentiment d’insécurité. Elle révèle que la spécificité française tient à ce que le sentiment d’insécurité est bien plus lié que dans les autres pays au niveau de libéralisme culturel et à la réception de l’immigration. L’insécurité devient alors le révélateur d’une faible cohésion nationale. Mais l’enquête permet aussi de voir que l’insécurité n’alimente pas mécaniquement le vote en faveur de l’extrême-droite et que ses effets électoraux se révèlent finalement assez minimes.