La question que l’on a posée dans le cadre de l’enquête Civica, menée conjointement en France, en Allemagne et en Italie, est de savoir jusqu’où va la défense de la démocratie. Si le concept est défendu par une très large majorité d’enquêtés, ces derniers s’avèrent bien moins enthousiastes dès lors qu’on leur propose d’arbitrer entre la démocratie et le bien-être économique. L’analyse montre que c’est en France que le choix prioritaire donné à la démocratie sur le bien-être est le plus rare. Moins d’un enquêté sur deux affirme préférer avant tout un régime démocratique à un régime moins ou peu démocratique qui augmente ses possibilités d’enrichissement ou de bien-être. L’enquête révèle que la mobilité sociale ou l’amélioration de la condition économique viennent davantage en soutien de la recherche du bien-être que de celle de la démocratie, ce qui contredit les théories du développement politique qui ont fait les belles heures de la science politique des années 1960. Les enquêtés préférant le bien-être se révèlent être plus libéraux sur le plan économique et sont plus confiants envers les institutions de l’Union européenne que ceux qui privilégient la démocratie.