Les pesticides sont vendus à travers le monde dans le cadre de réglementations conçues pour encadrer leur usage. Pourtant, les problèmes sanitaires et environnementaux s’accumulent, tout particulièrement dans les pays du Sud comme le Cambodge où la capacité des institutions à faire appliquer la législation est relative. Cet article rend compte, à partir d’une approche anthropologique des pesticides centrée sur des fragments de leur vie sociale, de la manière dont ces substances se font et se défont dans le contexte particulier du Cambodge. À partir d’un focus sur les rencontres marchandes, et les expériences sensibles et pratiques avec les pesticides qui façonnent le quotidien des agriculteurs, l’article met en lumière les opérations de traduction qui se mettent en place pour permettre la circulation des pesticides. Un nouvel environnement toxique se construit qui contribue à renforcer le mythe de l’usage contrôlé dans le Sud Global.