Introduction
Introduction
Résumé
For a decade now, and across the world, the humanities and the social sciences have been the focus of disputes, rows, hostile behaviours, even attacks. The simultaneity of such criticisms testifies to the globalization of these sciences but also, conversely, to the world’s gradual closing up (as opposed to the world’s opening up in the globalization process praised at the turn of the millennium) and the returning of authoritarian forms of political power.
The criticisms addressed to the HSS in the name of “utility” fall within the context of international reforms of a neoliberal nature implemented over the past twenty years, aimed at integrating universities into a unified and competitive global knowledge market. This integration imposes cuts in budgets, along with an alignment of universities with the business model and managerial culture, as well as increasingly rigid bureaucratization on the organizational level.
Independently of these reforms that affect them like other sciences, HSS are the target of specific head-on attacks of a political nature close monitoring, even repression) in authoritarian regimes, “illiberal” democracies, but also liberal democracies. With a view to contributing to the ongoing international debate, this issue of Communications takes stock of the criticisms and threats targeting HSS in several countries, in Europe, Africa, Asia and the United States. It also dwells on the epistemology of the SHS and, finally, ponders over and puts forward actions in favour of academic freedom and institutional autonomy, which have become crucial issues in a context where the SHS must regain control over the conditions of their exercise, in response to the threats they are facing today.
Depuis une dizaine d’années, un peu partout dans le monde, les sciences humaines et sociales font l’objet de disputes, de querelles, voire d’hostilité et d’attaques. La concomitance de ces critiques témoigne de la mondialisation de ces sciences mais aussi, a contrario, d’une fermeture du monde (à l’opposé de la globalisation vantée au tournant du millénaire) et d’un retour de formes autoritaires du pouvoir politique.
Les critiques adressées aux SHS au nom de leur « utilité » s’inscrivent dans le contexte des réformes internationales de nature néolibérale mises en œuvre depuis une vingtaine d’années, visant à intégrer les institutions universitaires dans un marché mondial unifié et concurrentiel du savoir. Cette intégration combine impératifs d’économies budgétaires, tendances à l’alignement de l’université sur le modèle de l’entreprise et de la culture managériale, et raidissement autoritaire sur le plan organisationnel.
Indépendamment de ces réformes qui les atteignent au même titre que les autres sciences, les SHS sont la cible d’attaques frontales spécifiques de nature politique (mises sous tutelle, voire répressions) dans les régimes autoritaires, les démocraties « illibérales », mais aussi les démocraties libérales. Contribution au débat international en cours, ce numéro de Communications dresse un bilan des critiques et des menaces visant les SHS dans un certain nombre de pays, en Europe, en Asie ou aux États-Unis. Il porte également sur l’épistémologie des SHS et propose enfin diverses réflexions et actions en faveur de la liberté académique et de l’autonomie institutionnelle, devenues des enjeux importants dans un contexte où il s’agit pour les SHS de reprendre prise sur les conditions de leur exercice, en réponse aux menaces auxquelles elles font face aujourd’hui.