La gestion intégrée : du concept à la réalité
Résumé
L'intérêt du concept de gestion intégrée des ressources en eau s'est développé au lendemain des conférences internationales sur l'eau et l'environnement qui se sont tenues à Dublin et Rio de Janeiro en 1992. Cependant, ni le concept, ni sa mise en application, n'ont été clairement définis par les politiques internationales et européennes avec la Directive Cadre sur l'eau. Le concept d'intégration signifie autant une intégration horizontale de la ressource, des usages et des acteurs, qu'une intégration verticale des différentes échelles de gestion. Il s'agit d'une part de préserver un équilibre entre l'offre (la ressource) et la demande (les usages par les différents acteurs), et d'autre part, s'agissant d'une ressource-flux, de préserver un équilibre entre l'amont et l'aval ainsi qu'entre les différentes échelles du système. Le concept de « gestion intégrée » ajoute donc au concept de « gestion de l'eau » les notions d'organisation, d'interdépendance, de hiérarchisation, de coordination et d'intégration. Or la complexité de la gestion de l'eau, caractérisée par une multiplication et forte sectorialisation des usages et pratiques en situation d'interdépendance, une diversité de l'organisation socio-économique des usagers, des responsabilités éclatées entre acteurs publics et privés, une superposition de textes réglementaires sectoriels et parfois contradictoires entre eux, des systèmes de représentations complexes, pose la question sur la pertinence et la faisabilité d'une gestion intégrée. Comment passer du théorique à la pratique ? Si la réglementation permet des outils de planification contractuels tel que les SAGE et contrats de rivières favorisant la concertation à une échelle locale, il n'en reste pas moins que certaines pratiques des gestionnaires restent sectorielles et que l'enjeu est de faire évoluer ces modes de gestion dans l'esprit d'une gestion intégrée et durable. Cette problématique est au centre d'une réflexion menée par un site pilote « Pays de Savoie, Annecy, Mont-Blanc, Léman », retenu par l'UNESCO dans le cadre de son programme HELP (Hydrologie pour l'Environnement, la Vie et les Politiques) en juin 2004 pour son pragmatisme et son ambition. En effet, plus ambitieux sur le long terme que les procédures existantes, ce projet qui se décline dans un programme d'actions, vise à faire évoluer les pratiques des gestionnaires, pour une gestion intégrée et durable de la ressource, par la mise en place d'outils, de méthodes et d'actions de sensibilisation destinés à faciliter le travail des élus et gestionnaires au quotidien. Il s'appuie sur des structures dynamiques référentes reconnues dans la gestion de l'eau (syndicat du Lac d' Annecy, syndicat du Foron du Chablais Genevois, Syndicat des Eaux des Moises, Syndicat Mixte du sud ouest lémanique, syndicat mixte pour l'aménagement de l'Arve et de ses affluents, syndicat du Haut Giffre, syndicat du Val d'Arly et de la Régie des Eaux de Megève), et sur un partenariat avec les institutions et scientifiques, permettant de croiser les programmes scientifiques et les besoins des élus et gestionnaires dans la démarche « bottom up » engagée.