Temps et lieu dans les zones grises du travail et de l’emploi
Résumé
On assiste aujourd’hui à la flexibilité accrue des temps et des lieux de travail et de production envisagée par certains comme « un désordre des temps marqué par des discordances et des incertitudes » (Celerier, Montchatre 2022), corollaire de modes productifs de plus en plus externalisés et d’une activité géographiquement très éclatée. L’enchainement des occupations dans des lieux identiques ou variables, en lien avec une transformation de la manière de travailler et de la place occupée par le travail entraîne selon nous un flou autour de l’emploi. En parallèle l’activité de plus en plus individualisée et réalisable à distance induit la superposition des temps et des lieux personnel, productif, de loisirs…, et parfois une hybridation de ces activités. La recomposition des temps et des lieux de travail entre domicile, lieu de travail ou lieu tiers, n’instaure pas toujours du gris dans le statut légal du travailleur, mais une grande flexibilité des usages, des temps et des lieux produit des dynamiques de gris pour les activités réalisées.
Ce possible caractère « multifonctionnel » des temps et des lieux professionnels ou de la vie privée qui prolonge mais peut faire disparaitre le travail est alors producteur d’une zone grise associée à une interprétation par le donneur d’ordre (et/ou) l’exécutant de l’activité exercée. Ces situations qui marquent le marché du travail n’affectent pas toutes les catégories d’actifs de la même manière et déplacent des lignes de partage traditionnelles des inégalités du travail. Le prisme des zones grises permet de saisir les recompositions de situations et de figures à partir des
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