En s'attaquant à l'un des problèmes les plus embrouillés de la linguistique africaine, cet ouvrage de sémantique grammaticale tente de montrer comment le concept d'énonciation permet de fonder une analyse linguistique qui articule grammaire et discours, langue et parole, unité de sens et polysémie. L'originalité de la méthode consiste à partir d'une description des phénomènes sur le plan de l'énoncé pour dégager les mécanismes réguliers de construction du sens articulant la sémantique des morphèmes au contexte discursif et énonciatif. Ainsi, c'est à partir d'une étude des emplois extrêmement variés, parfois même contradictoires, des conjugaisons du wolof que l'on reconstruit la valeur unique de chacune d'entre elle et l'organisation générale du système verbal de cette langue. La diversité des valeurs d'emplois, tout comme les différentes nuances argumentatives, apparaissent alors comme le produit d'une articulation de ces morphèmes avec un contexte verbal ou situationnel variable mais caractérisable. Le traitement précis des conjugaisons du wolof et les réflexions théoriques qu'il appelle contribuent à l'élaboration d'un modèle général d'analyse des langues. Parmi les analyses les plus novatrices proposées, on citera : -une nouvelle définition de la focalisation (ici grammaticalisée dans la morphologie verbale) qui permet d’expliquer les différentes valeurs d’emplois des conjugaisons focalisantes selon les contextes auxquelles elles s’articulent -l’analyse d’une conjugaison indiquant une absence d’ancrage temporel et de prise en charge assertive, et ses divers effets de sens -un glissement régulier du temps à la modalité pour les marqueurs aspectuels