Les enjeux de l'internationalisation de l'enseignement supérieur en Asie du Sud-Est : Singapour et la Malaisie, des nouveaux pôles mondiaux de fabrication des élites ? - Unite de Recherche Migrations et Sociétés Accéder directement au contenu
Thèse Année : 2022

The Challenges of Internationalization of Higher Education in Southeast Asia : Singapore and Malaysia as New Global Centres of Elite Making ?

Les enjeux de l'internationalisation de l'enseignement supérieur en Asie du Sud-Est : Singapour et la Malaisie, des nouveaux pôles mondiaux de fabrication des élites ?

Jimmy Stef

Résumé

This research aims to analyse the impact of internationalization dynamics on higher education systems in Southeast Asia over the past fifty years, with a focus on Singapore and Malaysia. Using a sociohistorical and elite theory approach, it analyses the social, economic and political processes that have led to the reconfiguration of the structuring of higher education in these two countries and to the renewal of the ways in which their elites are made. It also invites us to take part in the discussions on the evaluation and ranking systems that are helping to set up a competitive higher education market in the world.Using a reading framework that multiplies the levels of analysis and based on a field survey that relies on a mixed methods design combining qualitative materials (documentary archives, interviews with institutional actors, corpus of political speeches, participant observations of international events) and quantitative materials (secondary analyses of statistical data on student mobility flows, quantitative survey of international students), the thesis analyses the internationalisation of the Singaporean and Malaysian education systems according to two dynamics an inward-oriented higher education internationalization which involves the importation of foreign knowledge, cultures, models and standards of higher education to enhance national identity and an outward-oriented internationalization aimed at attracting the most academically accomplished international students and occupying a major place in the global education market to enhance the country's international image. The universality of internationalization is challenged in the thesis by the national specificities and institutional polymorphism of university and higher education organisations. The greater complexity of the meaning of student movements questions the transfer of knowledge in the world in favour of a multidimensional reconfiguration interweaving multiple logics (economic, religious, ethnic, social, etc.) going beyond the homologies established until then. The impact of the internationalization of education on the internal stratification of higher education in Singapore and Malaysia then shows the segmentation of the public between public and private universities giving rise to a distinction between public and private elites. Finally, the research raises the question of the positioning of the two higher education systems in the international education market. The state elites of these two countries have committed themselves to a policy of attractiveness of their training to let them access the new status of world centres of higher education. However, the strategic interests and national positions of the two States diverge in terms of public policies, standards, regulations and legislation, leading to the consideration of two differentiated models of internationalization that condition the incoming student flows in these countries: Singaporean higher education appears to be a model of excellence at the crossroads of the Western and Eastern 'worlds' that captures not only talented and wealthy Asian elites, but also international elites; Malaysian higher education represents a hybrid international model that helps to bring out ethnic-racial and Muslim elites.
Cette recherche a pour objectif d'analyser l'impact des dynamiques d'internationalisation sur les systèmes d'enseignement supérieur en Asie du Sud-Est au cours des cinquante dernières années, en se focalisant tout particulièrement sur Singapour et la Malaisie. En empruntant une grille d'analyse qui relève d'une approche sociohistorique et de la théorie des élites, elle analyse les processus sociaux, économiques, politiques ayant conduit aux reconfigurations de la structuration des formations d'enseignement supérieur dans ces deux États et au renouvellement des modes de fabrication de leurs élites. Elle invite également à prendre part aux discussions sur les dispositifs d'évaluation et de classement qui participent à mettre en place un marché de l'enseignement supérieur concurrentiel dans le monde.À partir d'une grille de lecture qui multiplie les niveaux d'analyse et sur la base d'une enquête de terrain qui repose sur un design de méthodes mixtes combinant matériaux qualitatifs (archives documentaires, entretiens auprès d'acteurs institutionnels, corpus de discours politiques, observations in-situ d'événements internationaux) et matériaux quantitatifs (analyses secondaires de données statistiques des flux de mobilité étudiante, enquête quantitative auprès d'étudiants internationaux), la thèse analyse l'internationalisation des systèmes éducatifs singapouriens et malaisiens selon deux dynamiques : une internationalisation de l'enseignement supérieur « orientée vers l'intérieur » (inward-oriented higher education internationalization) qui implique l'importation de connaissances, de cultures, de modèles et de normes d'enseignement supérieur étrangers dans le but de valoriser l'identité nationale et une internationalisation « orientée vers l'extérieur » (outward-oriented) destinée à attirer les étudiants internationaux les plus dotés scolairement et à occuper une place majeure sur le marché mondial de l'éducation pour valoriser l'image du pays à l'international. L'universalité de l'internationalisation est remise en question dans la thèse par les spécificités nationales et le polymorphisme institutionnel des organisations universitaires et d'enseignement supérieur. La plus grande complexité du sens des circulations étudiantes interroge globalement sur les transferts de savoirs dans le monde au profit d'une reconfiguration multidimensionnelle imbriquant des logiques multiples (économiques, religieuses, ethniques, sociales, etc.) dépassant les homologies établies jusqu'alors. L'impact de l'internationalisation des formations sur la stratification interne au champ de l'enseignement supérieur à Singapour et en Malaisie montre ensuite une segmentation des publics entre universités publiques et universités privées donnant lieu à une distinction entre des élites publiques et des élites privées. Enfin, la recherche soulève la question du positionnement des deux systèmes d'enseignement supérieur sur le marché international de l'éducation. Les élites étatiques de ces deux pays se sont engagées dans une politique d'attractivité de leurs formations pour leur permettre d'accéder au nouveau statut de pôles mondiaux d'enseignement supérieur. Pour autant, les intérêts stratégiques et les positionnements nationaux des deux États divergent en matière de politiques publiques, de normes, de réglementations et de législations amenant à considérer deux modèles d'internationalisation différenciés qui conditionnent les circulations étudiantes entrantes dans ces pays : l'enseignement supérieur singapourien apparaît comme un modèle d'excellence à la croisée des « mondes » occidentaux et orientaux qui capte non seulement les élites talentueuses et fortunées asiatiques, mais également internationales ; l'enseignement supérieur malaisien représente un modèle hybride international participant à faire émerger des élites ethnico-raciales et musulmanes.
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Origine : Version validée par le jury (STAR)

Dates et versions

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  • HAL Id : tel-04046967 , version 1

Citer

Jimmy Stef. Les enjeux de l'internationalisation de l'enseignement supérieur en Asie du Sud-Est : Singapour et la Malaisie, des nouveaux pôles mondiaux de fabrication des élites ?. Sociologie. Université Côte d'Azur, 2022. Français. ⟨NNT : 2022COAZ2027⟩. ⟨tel-04046967⟩
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