Le vaudeville, médium “populaire” au XVIIIe siècle : étude musicale - CNRS - Centre national de la recherche scientifique Accéder directement au contenu
Article Dans Une Revue Musicologies nouvelles Année : 2019

Le vaudeville, médium “populaire” au XVIIIe siècle : étude musicale

Résumé

Le vaudeville sous l’Ancien Régime est représentatif d’une circulation artistique fluide entre différentes classes sociales, favorisant des interactions entre les domaines dits savants et populaires –colporteurs, chanteur.se.s de rue, chansonniers bourgeois, ou aristocrates. Il est ainsi l’expression commune d’une société que l’on a l’habitude d’envisager comme clivée. Il s’envisage également comme un trait du talent national pour chansonner, une sorte de voie collective ouverte à la satire, la moquerie, à la critique sociale, politique, mais aussi à la pure chanson et au théâtre. Sa matière musicale, très rarement étudiée, est à mettre en lien avec la danse : la chanson sous l’Ancien Régime est d’abord une chanson à danser. Branle, gavotte, bourrée, menuet, contredanse, etc., en forment ainsi les rythmes et les structures musicales de base parmi les plus courantes. Musicalement, la danse apporte son énergie par ses rythmes spécifiques (coulants, syncopés ou en hémioles) et ses structures (carrures ou répétitions de phrases). Le vaudeville, de plus, porte un genre qui naît au tournant du XVIIIe siècle : l’opéra-comique. Si son utilisation relève d’une stratégie de contournement des interdictions institutionnelles, il n’en demeure pas moins qu’il constitue l’élément matriciel du genre. Le contenu affectif du vaudeville oriente ainsi la caractérisation des situations ou des personnages. Mais son utilisation diffère de celle des chanteurs et chanteuses de rue ou de salon : à l’opéra-comique, la musique du vaudeville ne s’étend pas en flux continu comme une chanson, mais sert de support à des structures dialogiques. Enfin, l’écriture musicale du vaudeville se voit imitée, ou plutôt recréée, par les compositeurs qui l’insèrent à l’opéra ou dans les comédies, notamment dans les finales : il se constitue ainsi comme un modèle compositionnel dédié aux moments festifs ou légers. Repris comme timbres, ces vaudevilles de compositeurs alimentent à leur tour la mémoire collective chantante. Ces différents rôles montrent donc non seulement l’immense popularité du vaudeville, touchant la quasi totalité de la société d’Ancien Régime, mais aussi son aspect plastique et ductile, capable d’épouser des contextes et des réalisations artistiques variées.
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-02991144 , version 1 (05-11-2020)

Identifiants

  • HAL Id : hal-02991144 , version 1

Citer

Bertrand Porot. Le vaudeville, médium “populaire” au XVIIIe siècle : étude musicale. Musicologies nouvelles, 2019, Intertextualité et intermusicalité (Opus 9), pp.47-57. ⟨hal-02991144⟩
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