Acteurs, pratiques et problèmes de l'identification des Juifs lensois (1940-1944) - CNRS - Centre national de la recherche scientifique Accéder directement au contenu
Chapitre D'ouvrage Année : 2007

Acteurs, pratiques et problèmes de l'identification des Juifs lensois (1940-1944)

Nicolas Mariot
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 830752
Claire Zalc
  • Fonction : Auteur
  • PersonId : 751234
  • IdHAL : claire-zalc

Résumé

Le voyageur parvenant en gare de Lens s'étonnera peut-être de découvrir, en faisant les cent pas, une plaque commémorative inaugurée le 11 septembre 2002 et portant les mots suivants : « Lors de la rafle du 11 septembre 1942 dans la région lensoise, 528 habitants d'origine juive, martyrs du racisme et de la barbarie nazie, sont partis de cette gare pour être exterminés à Auschwitz ». S'il envisage de parcourir le petit centre-ville, il pourra encore croiser une « rue des 528 déportés juifs », inaugurée, elle, en 1979. Sauf privilège particulier, il ne verra pas l'immense plaque de marbre, recouvrant l'intégralité de l'un des murs de la petite salle faisant office de synagogue. Y sont gravés, sous la simple mention « A la mémoire des Juifs de Lens victimes de la barbarie hitlérienne », tous les noms des déportés, pour les trois quarts d'entre eux du Nord de la France vers Auschwitz via la caserne Dossin à Malines, mais aussi, pour le quart restant, de tout autre point de départ en France (en particulier Drancy mais aussi Beaune-la-Rolande, Angers ou Pithiviers). En observant l'imposante plaque, un détail frappe presque immédiatement : il existe quelques familles sur ce mur immense pour lesquelles les graveurs ont dû laisser un blanc en lieu et place des prénoms (souvent ceux des enfants) ou noms de jeune fille 1. Or il y a quelque chose de tout à fait paradoxal dans ces effacements individuels : ils contrastent très violemment avec l'intensité des procédures d'identification dont la communauté juive du bassin lensois a fait l'objet entre 1940 et 1944 et qui ont précisément permis de surveiller, discriminer, spolier, enfin arrêter et déporter une grande part de ses membres. Ce sont ces opérations d'identification qui vont nous occuper dans les pages qui suivent : à travers les divers documents produits par les administrations préfectorale, municipale et policière dans le cadre du travail de repérage, recensement et contrôle de la population juive, nous nous proposons d'interroger les liens, qu'ils soient acceptés ou refusés, entre les mesures d'assignation identitaire et les expressions, par les individus, de leurs appartenances 2. Quels sont les marqueurs identitaires sollicités pour recenser les Juifs de Lens entre 1940 et 1944 ? Y at -il disjonction entre les normes édictées et les pratiques observables ? Pour répondre à ces questions, nous aborderons tout d'abord la question des principes et acteurs des recensements des Juifs lensois entre 1940 et 1944 pour pouvoir observer les mises en pratique de ces identifications. Certes, les autodéclarations semblent avoir été nécessaires à l'établissement des multiples
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Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)

Dates et versions

hal-03417852 , version 1 (05-11-2021)

Identifiants

  • HAL Id : hal-03417852 , version 1

Citer

Nicolas Mariot, Claire Zalc. Acteurs, pratiques et problèmes de l'identification des Juifs lensois (1940-1944). Gérard Noiriel (dir.). L'identification. Genèse d'un travail d’État, Belin, 2007, 978-2-7011-4687-4. ⟨hal-03417852⟩
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