Pourquoi, à un moment où l'éthique était une préoccupation semble-t-il confidentielle, le Comité national d'éthique fut-il créé ? Peut-être pour mieux comprendre la motivation politique qui prévalait alors et les attentes que l'on espérait d'une nouvelle instance, d'autant plus qu'au fil des textes législatifs les missions du Comité se sont renforcées. Nous avons donc mené un travail de recherche et une série d'entretiens 1 avec diverses personnalités (hauts fonctionnaires ; monde de la recherche ou du Gouvernement ; secrétaires généraux du CCNE), qui nous ont permis de tenter d'écrire le récit de cette création au début des années 80. En 1981, la recherche et l'innovation attendues pour relancer l'économie L'élection présidentielle en 1981, avec les partis de gauche désormais au pouvoir, s'est rapidement accompagnée d'un plan de relance économique proposé par le Premier ministre, Pierre Mauroy, afin de contrer la forte inflation et la faible croissance à cette époque. Dans le même temps, le Gouvernement faisait le constat que l'effort de recherche et de développement technologique avait stagné au cours des années précédentes. Une relance de l'effort de recherche était également décidée, notamment parce que la recherche était entrée, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, dans « l'économie de la connaissance », devant obéir à une double logique : la garantie de la liberté des chercheurs ; la contribution de l'effort de recherche pour la satisfaction des besoins de « la demande sociale », même si on ne peut pas sortir d'une crise seulement par le truchement de la recherche. Les membres de la communauté scientifique nationale étaient alors incités à consacrer une partie de leur énergie et de leur imagination à sortir du champ de leur spécialisation pour s'interroger sur les finalités de leur travail. L'organisation d'un colloque national sur la recherche et la technologie a été mise en place dès le 1 er juillet 1981, se déclinant à travers des assises régionales, puis nationales (13-16 janvier 1982).