Habiter les paysages nocturnes dans les Hauts de La Réunion. Une expérimentation fondée sur l’approche mésologique de l’environnement nocturne
Résumé
L’Observatoire de l’environnement nocturne du CNRS rassemble des chercheurs de nombreuses disciplines. Parmi les différents domaines développés dans ses travaux, allant de l’écologie du temps nocturne, la pollution lumineuse ou encore la mise en ressource de la qualité de la nuit, l’étude des territorialités nocturnes (Raffestin, 1988) conduit l’équipe à s’intéresser aux processus qui façonnent nos rapports avec le monde de la nuit. L’observatoire a démarré depuis 2020 une série de travaux sur l'île de La Réunion. Au cours des premières enquêtes que nous avons menées dans les franges de la zone cœur du Parc national de La Réunion (Challéat, Milian et al., 2022), la notion de fénoir/fénwar (Figueras, 2022) nous a été renvoyée par les habitants comme une composante toujours active des modes d’habiter créoles, aujourd’hui mis à mal par l’urbanisation rapide du territoire réunionnais (Junot et Praene, 2021) et l’expansion de la pollution lumineuse qui l’accompagne. Manière d’appréhender la nuit et de pratiquer l’espace-temps nocturne, nous avons considéré le fénoir comme un objet-passerelle opportun pour questionner l’évolution des relations des réunionnais de culture créole à leur environnement nocturne.
À l’occasion de l’appel à projets « Sciences participatives en situation d’interdisciplinarité » de la MITI du CNRS (2022), l’observatoire a développé un protocole expérimental visant à incorporer cette notion dans son dispositif d’analyse des socio-écosystèmes nocturnes (Challéat, 2018 ; Challéat, Lapostolle et al., 2023). Le programme Outrenoir (Participation des populations habitantes à la caractérisation des socio-écosystèmes nocturnes des territoires réunionnais) a ainsi conçu des ateliers pour travailler la dimension mésologique du fénoir par une approche interdisciplinaire permettant de saisir les rapports expérientiels des habitants aux paysages sonores nocturnes de leur quotidien. La communication proposée explicitera cette méthodologie et ses premiers résultats. Elle nourrira ainsi des échanges autour de notions avancées dans l’appel à communications, comme celles de paysages nocturnes, de nocturnité, d’obscurité, ou encore la dialectique urbanité/ruralité et, plus largement, la construction d’une écologie globale de l’environnement nocturne.