S’appuyant sur un corpus composé de deux récits de voyage, cet article examine les représentations coloniales de ‘l’indigène’ et leurs récurrences discursives de nos jours. De nombreux chercheurs ont tenté de comprendre et/ou déconstruire ces représentations, parmi lesquels Aimé Césaire, Frantz Fanon, Mbembé . Adoptant une approche de Linguistique critique , le présent article examine d’une part les façons dont les auteurs de récits de voyage présentent les peuples colonisés, notamment à travers le prisme d’une idéologie différentialiste et inégalitaire structurée autour de NOUS et EUX. Cette construction discursive est à la base des perceptions et discours contenant des préjugés racistes et/ou d’exclusion. D’autre part, l’article vise à montrer que de nombreux préjugés hérités de l’époque (pré)coloniale persistent encore dans le discours politique, académique et médiatique. À titre d’exemple, le discours de Nicolas Sarkozy à Dakar (2007) nous servira de point de comparaison en écho à certains préjugés identifiés dans deux récits de voyage : Camille Pietri, Les Français au Niger : voyages et combats (1885) et Eugène Lenfant : Le Niger, voie ouverte à notre empire africain (1905). Notons que ces ouvrages font partie du Fonds Polényk offert à la Bibliothèque Droit-Lettres de l’Université de La Réunion. Écrits par des militaires de l’armée coloniale française, ces récits sont consacrés au territoire appelé à l’époque Soudan occidental français (l’actuel Mali), et en partie à la colonie du Sénégal. Il y est aussi question d’autres peuples, notamment au Nigeria, au Benin (Dahomey à l’époque) et au Niger.