Face à la solidarité civique ancrée dans les nations, l’Union européenne est-elle condamnée à la dé-démocratisation ? Serait-elle par essence réfractaire à la forme de la République ? Dans une série d’interventions et d’articles, Jean-Fabien Spitz a aiguisé sa plume contre les institutions européennes. Le philosophe républicain dénonce l’alliance entre les experts de la Commission et les juges de la Cour de justice qui contournent la souveraineté populaire. Prétextant que l’expertise rend nos politiques plus crédibles et protège mieux les droits des minorités, l’Europe sous sa forme actuelle priverait les citoyens d’occasions de délibérer sur des choix fondamentaux affectant leur destin. L’évidement de la démocratie et la mise sous tutelle des peuples en seraient la conséquence inéluctable. Cette contribution entend discuter cette thèse et montrer que l’Union européenne n’est pas condamnée à l’impuissance démocratique et à l’absence de politique sociale.