Le concept de souveraineté est-il pertinent pour concevoir les rapports entre l’Union européenne et ses États membres ? L’arrêt « Lisbonne » de la Cour constitutionnelle allemande en 2009 mentionne à de nombreuses reprises le terme de souveraineté (Souveränität, et non Staatsgewalt) afin de justifier la limitation du transfert des compétences de l’Allemagne à l’Union. Plus récemment, la décision du Tribunal constitutionnel polonais du 7 octobre 2021 récusant la primauté du droit européen sur la constitution nationale est venue témoigner de manière saisissante des conflits de souveraineté en Europe. Aussi doit-on reposer la question classique de la « suprématie » dans l’ordre juridique : quel est le véritable titulaire, aujourd’hui, de la souveraineté en Europe ?