Les ARN viraux sont décorés par des modifications post-transcriptionnelles, telles que la 2'-O-méthylation des riboses de certains nucléotides. Les mécanismes moléculaires impliqués dans la 2'-O-méthylation de ces ARN viraux et les conséquences de ces modifications épitranscriptomiques restent énigmatiques. Toutefois, des travaux récents ont démontré que ces méthylations sont des marqueurs du « soi » et sont associées aussi bien à des effets proviraux qu'à des effets antiviraux. Nous détaillerons principalement les mécanismes régissant la 2'-O-méthylation des ARN dans le contexte de l'infection au VIH-1, et nous explorerons les conséquences de cette modification épitranscriptomique sur la réplication virale. Concernant la 2'-O-méthylation du génome du VIH-1, il a été démontré que le virus recrute la 2'-O-MTase cellulaire FTSJ3, qui dépose au moins 17 2'-O-méthylations sur des nucléotides de son génome. Ces méthylations internes permettent au virus d'échapper à la détection par le senseur de l'immunité MDA5, et donc de limiter la réponse IFN. Concernant les effets proviraux, nous avons également montré que les 2'-O-méthylations limitent la dégradation du génome du VIH-1 par l'exonucléase ISG20 in vitro et dans des cellules infectées par des virus. Par ailleurs, ces mêmes méthylations ont aussi des effets antiviraux dans la mesure où elles bloquent la rétrotranscription lorsque la concentration en nucléotides est faible, mimant ce qui est observé dans certaines cellules immunitaires. L'effet antiviral lié aux 2'-Ométhylations est également confirmé dans des expériences de rétrotranscription endogène et lors d'infection de cellules, déplétées en dNTP. Nos résultats suggèrent donc l'existence d'un équilibre entre les effets proviraux des 2'-Ométhylations, qui protègent le virus de la détection par MDA5 et de la dégradation par ISG20, et les effets antiviraux liés à l'impact négatif des 2'-O-méthylations sur la capacité réplicative des virus.