Les pipidés possèdent un des meilleurs registres fossiles parmi les anoures, avec des représentants depuis le début du Crétacé Inférieur. Si plusieurs occurrences sont connues en Europe, le clade s’est diversifié surtout au Gondwana (Afrique et Amérique du Sud), où leurs représentant actuels sont toujours présents. Cette diversification est traditionnellement placée durant le début du Crétacé Supérieur, peut-être en lien avec l’ouverture finale de l’Atlantique. Cependant, plusieurs incertitudes persistent sur la chronologie de la diversification du clade pendant la transition Crétacé Inférieur/Supérieur. Nous étudions cette diversification avec une approche phylogénétique novatrice qui s’appuie sur des données stratigraphiques détaillées et le modèle de diversification et fossilisation « Fossilized Birth-Death Process » (FBD). Cette méthode nous permet d’obtenir la densité de probabilité de divergence de chaque noeud. Nos analyses suggèrent que l’émergence des Pipidae se situe dans l’intervalle allant de l’Aptien (Crétacé Inférieur) au début du Cénomanien (Crétacé supérieur), soit entre 126 et 95 millions d’années, dépendant de la topologie et de l’attribution de certains fossiles à Pachycentrata taqueti. Ce résultat est compatible avec les âges des datations moléculaires. Nos analyses mettent aussi en évidence une radiation évolutive du clade juste après son émergence sur près de 10 millions d’années. Cette radiation se traduit par l’émergence de nombreux taxons sud-américains et africain pendant le Crétacé Supérieur et Paléogène. Cette radiation indique aussi une persistance d’une connexion terrestre entre l’Afrique et l’Amérique du Sud au moins jusqu’à la fin du Cénomanien. De plus, nos résultats suggèrent la présence d’importantes lignées fantômes pour les lignées de pipidés actuels (dont Pipa et Hymenochirini), certaines émergeant durant le Crétacé