636 morts en un an : c'est le chiffre annoncé en octobre 2021 par le Front Uni des Agriculteurs (Samyukt Kisan Morcha) qui fédère les manifestations paysannes protestant contre trois lois votées en septembre 2020 par le gouvernement fédéral indien. Tragique est le bilan humain des plus grandes manifestations agricoles de l'histoire de l'Inde indépendante : violences policières, suicides, morts de froid pendant le blocus hivernal de Delhi, accidents divers… (le 3 octobre 2021, la voiture du fils d'un ministre fonce dans un cortège à Lakhimpur Kheri). L'évolution politique n'est pas plus brillante : plus d'un an de pourparlers n'auront pas suffi à faire changer les positions d'un iota. Coup de théâtre cependant le 19 novembre 2021, à moins de trois mois d'élections au Punjab et en Uttar Pradesh : le Premier ministre nationaliste-hindou Narendra Modi se désole des incompréhensions et annonce l'abrogation des trois lois. Il cède face à la ténacité des kisans (agriculteurs) qui, malgré la pandémie de Covid et autres vicissitudes,