Si la prière est présente de manière sérieuse et parodique dans les différentes œuvres de l’Arétin, de la poésie au théâtre, du dialogue à l’épistolaire, elle apparaît centrale dans sa production religieuse, notamment biblique, sur laquelle cette contribution se concentre. Dans La Passion de Jésus (juin 1534), les Sept psaumes de la pénitence de David (novembre 1534), L’Humanité du Christ (mai 1535) et la Genèse (1538) (comme encore dans la Vie de la Vierge Marie en 1539), la prière est présente autant comme objet de représentation que comme insertion textuelle et constitue le véhicule privilégié d’un enseignement spirituel, dévotionnel et moral qui n’est pas sans implications théologiques. L’étude du motif de la prière dans les paraphrases bibliques de l’Arétin permet de voir que celles-ci sont nées du terreau fertile d’une littérature religieuse variée, qui, des traductions de la Bible aux diverses formes de commentaires et de réécritures, des livres liturgiques et des manuels de dévotion aux traités spirituels, a mûri des conceptions renouvelées de la prière vocale et mentale reflétant de profondes aspirations à la réforme religieuse, individuelle et collective.