Faire bloc. La contre-mobilisation agricole face à la critique environnementale dans l'espace public numérique
Résumé
In recent years, agriculture has become an increasingly “hot” topic in environmental controversies. Gaining a new visibility in traditional media as well as in social networks, many activists and organisations criticize the destructive effects of intensive agricultural practices on human health, the living conditions of farm animals, biodiversity, and the climate. This article examines the deployment of a form of counter-mobilisation in the digital public sphere in response to this criticism. This counter-mobilisation relies on the production of solidarities between farmers and para-agricultural professionals, driven by a shared experience of criticism and a common need to respond. This paper analyses the transformation of political representation in the farming world and question the classic opposition between strategic versus discrete action of dominant corporate actors, as well as the spontaneous action of leaderless online social movements.
Au cours des dernières années, l'agriculture est devenue un point de plus en plus "chaud" dans les controverses environnementales. Avec une visibilité nouvelle dans les médias traditionnels comme sur les réseaux sociaux, nombre de militants et organisations dénoncent les effets destructeurs de l'intensification des modes de production agricole sur la santé humaine, les conditions de vie des animaux d'élevage, la biodiversité et le climat. Dans ce papier, nous étudions le déploiement, dans l'espace public numérique, d'une forme de contre-mobilisation en réponse à ces dénonciations. Cette contre-mobilisation repose sur l'activation de solidarités entre agriculteurs et professionnels para-agricoles, mus par une expérience partagée de la critique et le projet commun d'y répliquer. L'analyse de la transformation des mécanismes de représentation des mondes agricoles permet ainsi de relativiser l'opposition classique entre l'action stratégique et discrète de lobbying, coordonnée et orchestrée par les acteurs économiques dominants, et l'action décentralisée et spontanée des mouvements sociaux en ligne, qui évoluent de façon fluide, sans structures ni dirigeants.