Colonisation, mission et production du savoir. Maurice Leenhardt de Houaïlou à Paris
Résumé
Cet article examine les relations conflictuelles ou collaboratives que Maurice Leenhardt noua à Houaïlou avec les chefferies kanakes, les colons et l’administration française, autour d’enjeux essentiels au bon fonctionnement et à la réalisation des objectifs de la mission protestante. Il cherche à comprendre quelle ressource le missionnaire a pu représenter pour ses interlocuteurs kanaks dans la situation sociale et politique au début du xxe siècle. C’est à partir de ce tableau du champ colonial local qu’on saisira mieux comment certains des élèves pasteurs de M. Leenhardt, notamment Bwêêyöuu Ërijiyi, ont pu devenir ses principaux relais pour comprendre les mondes kanaks. L'article revient également sur les pratiques missionnaires de traduction sur lesquelles il s’appuya pour constituer son savoir sur la société kanake. C’est à travers ce parcours singulier dans l’espace colonial néo-calédonien que Maurice Leenhardt construisit sa position dans le champ de l’anthropologie française, au terme d’une reconversion réussie dont témoignent ses deux dernières missions en Nouvelle-Calédonie, menées entre mai 1938 et novembre 1939 pour une enquête linguistique, et entre fin 1947 et fin 1948, pour fonder et diriger l’Institut français d’Océanie.
Domaines
Anthropologie sociale et ethnologie
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)