Nous abordons une discussion sempiternelle, qui occupe depuis l’Antiquité une place importante dans les philosophies occidentales et orientales et est l’objet d’une attention renouvelée en linguistique : la nature du langage naturel, entre thései et phusei. Nous tentons d’apporter des éléments de réponse à ce questionnement millénaire en pointant sur les débats actuels portant sur le changement linguistique. Nous prenons pour exemple l’évolution des subordonnants temporels du latin classique aux langues romanes médiévales pour observer les processus d’évolution des langues naturelles. Cette vision large permet d’interroger le caractère cyclique de l’évolution linguistique et de voir si elle peut être « figée » dans un dynamisme unidirectionnel. En définitive, notre examen longitudinal d’une large palette d’unités linguistiques permet de suggérer que les faits langagiers résistent à la `systématisation´ que l’on a obstinément cherchée et prétendu trouver dans la langue.